Le rat de bibliothèque ou à propos de la lecture

Il y a six mois environs je suis partie à Rome, ma ville Natale, pour un long week-end.

Cela faisait 15 ans que je n'y avais pas mis les pieds. De quoi faire le plein d'émotions me diriez-vous. Vous n'imaginez même pas!

Mais l'endroit qui m'a le plus ému ? La librairie Feltrinelli, place Argentina. 

Je suis tombée dessus complètement par hasard, dès mon premier soir. 

J'ai atterri le jeudi soir, j'ai déposé mes bagages à l'hôtel et je suis aussitôt sortie, musique dans les oreilles, prendre plein d'étoiles dans les yeux. A moitié touriste, à moitié mélancolique, je me baladais un peu au hasard dans le centre et me voici que j'atterris devant cet endroit emblématique de mon enfance. Oui, j'ai eu les larmes aux yeux.

La Feltrinelli est une chaîne de librairies, bien fournies avec un riche coin jeunesse. Dès son ouverture, place Argentine, j'y passais un week-end sur deux pour aller choisir mes livres pour les semaines suivantes. 

Je me revois dans les rayons, à scruter les dernières sortie de Piccoli Brividi (Chaire de Poule je crois en France), lire les 4eme de couverture des romans pour jeunes adolescentes ou encore fouiller dans les livres d'histoire expliquée aux enfants.

Je me rappelle dévorer des romans en quelques jours, me cacher sous la couette pour ne pas me faire griller avec ma lampe de chevet allumée et continuer à lire jusqu'à pas d'heure. 

Puis le déménagement en France, une nouvelle langue, la galère de mettre 15 minutes pour lire une page, la flemme et la disparition des livres de mon quotidien.

Heureusement, ça n'a pas tenu longtemps. Malgré un passage à vide de quelques années, les livres font à nouveau parti de mon quotidien. 

Ça vous arrive, dans le métro, quand tout le monde est sur son téléphone, qui sur Candy Crush qui sur Insta, qui regarde une vidéo YouTube ou qui a juste le regard dans le vide, de tomber sur une personne qui lit. Et de sourire? 

Moi, tout le temps. Cela devrait être quelque chose de relativement banal? Et pourtant...

Dans mon entourage, je n'ai que peu de personnes qui prennent encore le temps de lire. Et très peu, qui prennent encore le temps de lire pour le plaisir. Pas le livre de votre PDG, qui vous est distribué dans le pack de nouvel arrivant de votre entreprise. Pas le livre sur comment devenir super efficace ou encore super riche ou super zen grâce à des méthodes super innovantes. Juste le livre que vous avez choisi en vous baladant entre les étagères Fantasy et Auteurs Étrangers, celui dont la 4eme de couv vous a donné envie de plonger dans l'histoire, au milieu des pages, pour savoir ce qui allait se passer ensuite.. 

Moi ce que j'aime, ce sont les romans. Les personnages qui prennent forme sous mes yeux, leurs émotions, leurs ressentis, leurs relations et leur histoire. J'aime cette sensation d'être au milieu d'une scène dans un monde parallèle, que je dessine dans ma tête au fur et à mesure que je dévore les mots.

Ça m'arrive d'avoir les larmes aux yeux en terminant un livre, non pas parce qu'il est particulièrement triste, mais juste parce qu'il est terminé. Comme une rupture. Je ne ferai plus partie de cette histoire. 

J'ai l'impression que certains livres nous marquent à vie, comme une personne importante. Il y a de ces histoires, personnages et phrases qui restent gravés, nous façonnent même. Et dont on ne se défait jamais. 

Je me rappelle encore de ces livres qui ont marqué mon enfance, ces romans choisis dans les rayons de la Feltrinelli de la place Argentina à Rome. Ces romans que je lisais en cachette tard le soir un jour de "veille d'école" et dont mon âme d'adulte ne pourra jamais se défaire.