Voyage Voyage - L'art d'être ignorants et combler le gap

Publié le par Vivi-Bulle

Voyage Voyage - L'art d'être ignorants et combler le gap

Par principe, quand nous voyageons, nous sommes tous d'abord des ignorants et des incultes

Normal, nous ne connaissons pas encore la culture, les traditions, l'histoire, les habitudes culinaires, de conduite, nous ne connaissons pas la langue...

Et à priori, voyager, sert à réduire ce gap, à sortir moins ignorants... right ?

C'est ce que j'imagine et en général ce que je tente de faire de mon côté. En discutant avec des locaux, en posant des questions, en me baladant à pieds pour voir le plus de choses possible, en choisissant des cafés et restaurants locaux... 

Mais qu'est ce que cela semble difficile !

Et ce n'est clairement pas ce que j'observe dans la majorité des cas.

J'ai voyagé dans une grosse trentaine de pays dont une dizaine hors occident (j'exclue ici Europe, Amérique du Nord et Australie) et régulièrement les mêmes constats se font. 

Prenons le concept du all inclusive... Vous aussi, vous connaissez à minima une personne dans votre entourage qui ne jure que par le All Inclusive ?

Ce principe incroyable, se se taper 8,10,12 h de vol pour aller au bout du monde et pratiquement ne jamais sortir de l'hôtel? Ou seulement avec un tour bus qui vous a organisé une journée bien précise avec plein d'autres touristes?

Je me rappelle d'une collègue, qui lorsque j'ai mentionné mon imminent voyage à Cuba m'a dit "Ah oui j'y suis allée" suivi d'un "ah non mais j'ai fait juste une semaine all inclusive à Varadero, j'ai pas visité " dès que j'ai commencé à lui demander des adresses à la Havane.

Parlons-en des all inclusive à Varadero tiens!

Le concept c'est d'avoir plein de Canadiens complètement déprimés par la neige qui s'enferment dans un petit coin de paradis artificiel au chaud, où ils se bourrent la gueule et pensent avoir tous les droits parceque Ils ont payé. Je me rappelle d'ailleurs avoir dû embrouiller publiquement un de ces Canadiens bourrés, qui commençait à taper un scandale dans un car parceque "On attendait trop pour rentrer et il avait envie d'enchaîner les boissons gratuites au bar" (ceux qui me connaissent, imaginez comment je l'ai envoyé dans les roses - Poke à Lorenzo qui a fait semblant de dormir, en rigolant discrètement pendant l'embrouille).

Je me rappelle de mon côté, m'être baladée dans des quartiers où aucun touriste ne va et avoir eu des locaux venir vers nous, afin de nous remercier d'être passées dans leur quartier et nous écrire des adresses de bons restos. 

De cette façon, nous avions aussi rencontré 2 jeunes hommes qui travaillaient dans le système médical et qui nous avaient donné plein de détails sur la situation économique et leur quotidien.

Pouvons-nous dire que notre Canadien bourré a visité Cuba ? Qu'il connaît Cuba ?

Mais d'ailleurs, revenons sur son scandal: cela découle généralement de ce sentiment de super pouvoir du "J'ai l'argent, je paye, j'ai le droit".

Et là, on ouvre un vase de pandore....

Pour ma part, j'estime que le voyageur quand il décide d'aller visiter un pays, doit le respect: il se doit de respecter les lois en vigueur, certaines traditions, vestimentaires par exemple, si besoin, l'environnement (large sujet....) et bien entendu les gens.

Mais cette logique implacable est mise à rude épreuve par un constat évident : le rapport de force que créé l'argent. Et pas seulement du côté du Voyageur. 

J'ai appris lors de mon dernier voyage que le "Smic" Indonésien est autour de 200€ par mois. Grand nombre de français gagne donc en 1 mois ce que grand nombre de Balinais gagne en 1 an. Ajoutons à cela le fait que pendant le Covid, 85% de la population (qui vit du Tourisme) n'a pas eu de travail. Que se passe-t-il quand un touriste qui a payé 1500€ son billet d'avion rentre dans son restaurant ? Ou dans son taxi? Ou dans sa boutique ?

C'est une opportunité et chacun la saisit à sa façon. 

Dans certains pays cela est tellement pesant que ça en entache la réputation (et ça a un effet négatif sur l'expérience generale). Cela a été le cas pour moi au Maroc, où malgré un long week-end hyper agréable et une ville magnifique à visiter, les tentatives d'arnaque et les Guides Improvisés nous ont épuisées. 

Pareil pour la Thaïlande, pour ma part je n'ai pas réussi à discuter avec les locaux, cela s'est révélé extrêmement difficile, notamment car n'importe quelle approche tournait vite à de la vente et de la négociation. 

Je pense que ce rapport de force a également un impact sur l'environnement. 

J'ai été sidérée de voir le nombre de déchets, bouteilles plastique, canettes, sur les plages autant que dans l'eau, en Thaïlande, aux Philippines et à Bali.... Qui aurait donc l'idée de venir jusque là et de laisser des bouteilles vides derrière lui? Sûrement quelqu'un qui se dit "C'est bon, quelqu'un va nettoyer".... D'ailleurs, en Thaïlande il n'y a pratiquement plus de corail autour des îles principales, devinez pourquoi...

Ici, je me dois d'enlever une part de responsabilité aux touristes : jusqu'où sont prêtes les populations locales à aller pour de l'argent ? Si on laisse les gens être irrespectueux, envers les lois, la culture, l'environnement ou les populations, pour de l'argent, peut-on ensuite blâmer qui décide d'utiliser ce pouvoir ? 

C'est un long débat, qui nécessite de prendre en compte l'histoire des pays, le contexte économique... je laisse ça en question ouverte !

Sans aller nécessairement aussi loin que le manque de respect, je me questionne sur la capacité d'adaptation et d'apprentissage du voyageur. 

Pourtant, on choisit de voyager, on choisit de se retrouver à des milliers de km de chez nous dans un contexte qui nous est inconnu. Pourquoi ? Et pourquoi faire surtout ?

Du coup, pourquoi un français va rechercher à tout prix un resto à pizza à Bangkok et un petit déjeuner avec Croissants au Bresil, pour ensuite dire que "bon, c'est pas aussi bon qu'à la maison quand même " (Ou moi, qui après 10 jours de riz/poulet à Bali recherche désespérément des pancackes le dimanche matin...)

Ou encore les Qataris et Australiens qui viennent faire des "Safaris Africains" en Indonésie (oui oui, preuve à l'appui)

C'est difficile de s'adapter, je me rappelle encore de ma tête effarée devant la jeune femme qui nous accueillait dans la Baie des Cochons à Cuba, quand elle m'a servit le dessert, qui consistait en une sorte de fromage râpé avec de la confiture par dessus. J'ai clairement menti et dit que je n'avais plus faim. Idem en Jamaïque, je m'impatientais des longs retards du chauffeur, habituée aux 3 minutes d'attente de Uber...

J'ai beaucoup rigolé du coup quand j'ai vu 2 couples de Marseillais complètement paniqués car le booking du bateau ne se passait pas comme prévu...

Je vous explique, à Bali (mais comme dans n'importe quel pays composé d'un archipel d'îles) il y a des petits bateaux qui vous emmènent d'une île à l'autre. Des bateaux publics, utilisés généralement par les locaux, pas chers et plus lents, puis des bateaux de compagnies privées qui prévoient souvent des services annexes genre pick up à l'hôtel et qui sont pratiques pour les touristes car ils vont plus vite.

Il y a un horaire qui est indiqué mais forcément, selon le nombre de personnes à faire embarquer, à encaisser, le nombre de bagages à transporter, l'horaire peut se décaler. Enfin bon, vous avez tous subi un retard SNCF dans votre vie, rien de nouveau... 

Ces 2 couples ont passé (je n'exagère pas) 25 minutes, dans la queue du check in en mode "Non mais c'est pas vrai ! Mais c'est une blague ! Mais on va le louper le bateau de 9h30! Non mais la on va leur demander le remboursement ! Mais pourquoi ils ne nous ont pas dit qu'il fallait arriver plus tôt ! Non mais c'est une blague" - le tout à lire avec l'accent.

Disclaimer : le principe d'un bateau privé, c'est qu'il est privé. Il part quand il veut. Et il ne part pas tant que ses clients ne sont pas dedans. Je les ai laissés paniquer une petite demi heure, ensuite je leur ai expliqué...

Dans ce même voyage j'ai croisé un couple de français qui étaient à mon hôtel sur une des étapes et qui n'ont pratiquement pas mis pied hors de l'hôtel et sa piscine (qui certes était agreable). Ils allaient passer quelques jours dans la ville portuaire de Bali, sur l'île principale. Je leur ai conseillé une plage sur la même côte que j'avais découverte lors de mes explorations (mais surtout discussions avec les locaux) et qui valait le détour. Ils m'ont demandé s'ils pouvaient y aller à pieds de l'hôtel....

Disclaimer - non, c'est 1h30 de voiture, minimum. 

S'adapter et sortir de sa zone de confort c'est dur.

Mais n'est-ce pas pour cela que nous voyageons ? 

Apprendre des choses sur le pays, ses habitants, son histoire et sa culture demande des efforts, de la curiosité, de l'échange et beaucoup d'humilité. 

Mais n'est-ce pas pour cela que nous voyageons ? 

Revenir un peu moins ignorants et incultes qu'à notre départ.

Et peut-être un peu plus bronzés aussi !😜

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Publié dans Avions, Travel, lifestyle, Voyage

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